Si le courant djihadiste est parvenu à prendre racine dans l’Hexagone dès les années 1990, la guerre civile en Syrie représente toutefois un tournant dans l’ancrage du phénomène sur le territoire national. En effet, jamais un conflit n’avait autant électrisé et mobilisé la mouvance radicale française qui a largement exploité les facilités d’accès à la frontière turco-syrienne et les réseaux sociaux pour grossir les rangs des organisations djihadistes présentes sur zone. Le Centre d’Analyse du Terrorisme (CAT) estime que depuis janvier 2013, 980 français ou résidents ont manifesté des velléités de départ vers la zone syro-irakienne tandis que 1269 individus dont 538 enfants seraient toujours présents en Syrie et en Irak et que 335 sont revenus en France (dont 258 majeurs et 77 mineurs). À titre de comparaison, le jihad irakien du temps d’al-Qaïda en Mésopotamie n’avait attiré que 30 Français La massification du phénomène s’est accompagnée d’une diversification des profils auxquels l’institution judiciaire doit désormais faire face. L’utopie offerte par l’État Islamique (EI) a eu pour conséquence un départ massif de jeunes hommes radicalisés mais aussi de leurs épouses et de leurs enfants qui, dans l’esprit de l’organisation, participeraient à la pérennisation du califat. Le groupe a utilisé dans sa propagande femmes et enfants dans le cadre de sa stratégie de recrutement à grande échelle, mettant notamment en scène de jeunes mineurs en formation militaire. Historiquement, seuls les hommes étaient judiciarisés dans les dossier terroristes liés au djihadisme. David Thomson évoque un « biais de genre » pour désigner la mansuétude dont bénéficiaient les femmes djihadistes de la part des autorités. Mais l’implication de ces femmes et de ces mineurs dans des projets d’attentats et des exactions en Syrie et en Irak a eu pour conséquence l’infléchissement de la position de la justice quant à leur prise en compte.