Les usages numériques se sont développés dans l’enseignement supérieur, mais pas toujours autant que les enseignants eux-mêmes le souhaiteraient. Ainsi, dans de nombreuses formations, l’accès des étudiants à des ordinateurs reste une question non réglée : peut-on exiger que chaque étudiant ait un ordinateur portable, par exemple ? Doit-on, pour assurer l’égalité entre les étudiants, continuer à investir dans des salles d’ordinateurs fixes ? De nombreuses initiatives se développent, comme les prêts d’ordinateurs portables, mais il manque un cadre clair qui permette aux enseignants de considérer que tous les étudiants ont accès aux ressources numériques, et par conséquent d’en faire un plein usage dans le cadre de leur formation. L’environnement numérique de travail doit désormais être la règle, ce qui exige un accès des étudiants à un ordinateur, la mise en place des infrastructures nécessaires mais surtout un usage systématique par les enseignants et enseignants-chercheurs qui auront été formés et impliqués. Développer l’usage du numérique, c’est aussi prendre acte de la transformation de l’accès au savoir et des modalités de mémorisation induit par le développement d’internet. Or les évaluations se font rarement en autorisant un accès complet aux ressources du choix de l’étudiant : documents papier ou électroniques, accès Internet, bases de données… Alors que la machine devient plus performante que l’être humain dans de nombreuses activités, y compris jouer aux échecs, c’est la combinaison de l’humain et de la machine qui reste optimale. Cela fait maintenant plusieurs décennies qu’on autorise les calculatrices dans les examens ; l’étape suivante est d’autoriser – comme au Danemark par exemple – les ordinateurs avec accès total à internet. Cette étape est inéluctable, anticipons-la afin de permettre le déploiement d’une formation adaptée au monde qui nous entoure. Ces mesures ne sont évidemment pas seulement d’ordre technique : elles induisent une transformation profonde, et nécessaire, de la manière d’enseigner, et d’évaluer. Elles supposent de définir plus nettement les compétences réellement attendues chez les diplômés. Ainsi, le mode d’évaluation classique, c’est-à-dire sans mise à disposition de documents, induit un mode d’apprentissage dans lequel la mémorisation joue un rôle très important. Si toute l’information devient accessible en situation d’examen, les épreuves devront évoluer en conséquence : la capacité à savoir trouver l’information pertinente, à la comprendre pour la réinvestir dans une production personnelle ou collective, prend une importance plus grande et le rôle des enseignants-chercheurs dans ce processus de construction des savoirs encore plus indispensable. Elle nous semble aussi plus en phase avec les compétences nécessaires dans le monde qui est le nôtre.