Les civils dans le besoin se retrouvent fréquemment sous le contrôle effectif de groupes armés non étatiques (NSAG) qui sont désignés en vertu de sanctions et de mesures antiterroristes, y compris dans des contextes identifiés comme menacés de famine. Les interdictions contenues dans ces instruments de fournir des fonds ou d’autres actifs directement ou indirectement à de tels groupes sont définies de manière extrêmement large, et peuvent potentiellement inclure des paiements accessoires que les actions humanitaires pourraient devoir effectuer pour opérer ou des fournitures de secours qui sont détournées vers ces groupes ou qui autrement leur profiter. L’inclusion de clauses d’exemption pour l’action humanitaire dans les régimes de sanctions est le moyen le plus efficace de s’assurer que les opérations humanitaires ne violent pas ces interdictions. À l’heure actuelle, cependant, un seul régime de sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies relatif aux conflits prévoit une telle exemption. Il est essentiel de mieux faire connaître le problème. Une série d’étapes est suggérée dans ce document pour recueillir systématiquement des informations sur les effets néfastes des sanctions sur l’action humanitaire et les porter à l’attention des membres du Conseil de sécurité ainsi que de l’ensemble des membres des Nations Unies. De même, l’inclusion d’exceptions à l’action humanitaire serait la solution la plus efficace en ce qui concerne les interdictions de fournir un soutien matériel dans les mesures de lutte contre le terrorisme. Il est peu probable que des instruments internationaux tels que la Convention internationale de 1999 pour la répression du financement du terrorisme ou la résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations Unies soient modifiés de cette manière. Des progrès sont plus susceptibles de se produire au niveau national. Récemment, certaines sanctions autonomes de l’UE et mesures antiterroristes ont été ajustées pour exclure l’action humanitaire du champ d’application des interdictions. L’approche de l’UE sur cette question a reçu moins d’attention que celle du Conseil de sécurité, mais mérite des recherches plus poussées et un engagement constructif entre les États membres, l’UE et les acteurs humanitaires devrait se poursuivre. Les banques doivent respecter les mêmes interdictions. Pour minimiser le risque de responsabilité, beaucoup ont limité de manière significative les services qu’ils offrent aux acteurs humanitaires opérant dans des contextes perçus comme «à haut risque». L’impact de ces restrictions est si important que certains acteurs humanitaires ont noté que les banques dictent effectivement où elles peuvent opérer. Pour que les restrictions soient réduites, les organisations humanitaires devraient investir du temps pour établir leurs relations avec leurs banques afin de les aider à développer des connaissances spécialisées sur le secteur humanitaire, son modèle économique et son approche de l’atténuation des risques. Les États doivent également jouer un rôle beaucoup plus actif en ce qui concerne les restrictions du secteur bancaire aux niveaux national et international. En leur qualité de donateurs, ils pourraient s’engager directement avec le secteur bancaire pour expliquer les programmes qu’ils financent et les exigences qu’ils incluent dans les accords de financement afin de réduire le risque de détournement ou d’abus. Les États intéressés par l’action humanitaire et ayant une influence dans le monde financier devraient engager une discussion entre pairs pour envisager des solutions de coopération créatives, telles que des «canaux sûrs» approuvés, reconnus par un certain nombre d’États, pour la transmission de fonds.