Porto Rico s’est déclaré en défaut de paiement et devient ainsi la plus importante collectivité territoriale des États-Unis à faire faillite. Le gouverneur a déclenché une procédure pour restructurer la dette, qui s’élève à 123 milliards de dollars. L’île paradisiaque a viré au cauchemar économique. Porto Rico s’est déclaré en cessation de paiement, mercredi 3 avril, mettant un terme à plus de dix ans de lutte pour éviter la débâcle financière. C’est la plus importante faillite d’une collectivité américaine jamais annoncée. À côté, celle de Detroit, en 2013, fait figure de petite faillite entre amis. Ricardo Rossello, le gouverneur de Porto Rico, a déclenché une procédure permettant à l’île de restructurer sa dette, qui s’élève à 123 milliards de dollars. Ce territoire dépendant des États-Unis doit 74 milliards de dollars à ses créanciers et 49 milliards de dollars en retraites impayées. L’île aurait dû mettre la clef sous la porte il y a quelques temps déjà, mais son statut juridique très particulier – elle est un État libre associé – lui interdisait de se mettre sous la protection de la même loi sur les faillites que n’importe quelle ville américaine. Une loi votée par le Congrès américain en 2016 a introduit de nouvelles dispositions spécifiquement conçues pour le cas de Porto Rico. Le début de la descente aux enfers remonte à 2006. Cette année-là, les États-Unis décident de ne pas reconduire une série d’avantages fiscaux dont bénéficiait l’île. La fin d’une niche fiscale pour certaines industries de pointe, comme les entreprises pharmaceutiques, a fait particulièrement mal à Porto Rico qui a alors connu un important exode économique. Le territoire cherche sans succès depuis lors à renouer avec la croissance. Les autorités locales ont entrepris plusieurs plans d’austérité ces dernières années pour assainir les finances, mais ils ont surtout nourri la récession et n’ont pas permis de réduire la dette. La fin du statut fiscal privilégié de Porto Rico a, en outre, révélé des problèmes structurels plus profonds, comme l’a rappelé une note d’étude d’experts passés et présents du FMI publiés en 2015. La perte d’activité due au départ de bons nombres d’entreprises a entraîné une crise immobilière, plus personne ne pouvant financer les chantiers commencés, et les spécificités du droit du travail local rendaient les salariés portoricains moins compétitifs que leurs homologues des autres régions des États-Unis. Les autorités locales doivent maintenant négocier avec les créanciers leur sauvetage financier. Théoriquement, la loi adoptée en 2016 leur permet d’imposer le non-remboursement de certaines dettes. Mais, comme ce texte n’a jamais été appliqué jusqu’à présent, il y a fort à parier, d’après le New York Times, que les créanciers lancent une série de procédures judiciaires pour contester toute tentative de Porto Rico de ne pas tout rembourser. Des tracas judiciaires qui risquent de prendre du temps. L’île n’en a pas : en faillite, elle n’a plus les moyens de payer ses fonctionnaires ou d’entretenir les infrastructures. La population locale, dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté, n’a pas les moyens d’attendre.